Délices de fleurs

Il y a des fleurs qu’on voit à peine, et qui pourtant sont tellement parlantes.

Le prunellier, par exemple. Cet arbuste un peu austère, tout en épines noires, se couvre au mois d’avril de centaines de petites fleurs blanches. Avant les feuilles. Avant que la douceur s’installe. Il fleurit dans le froid, encore transi, alors que certains matins sont parfois encore figés dans le givre.

C’est une promesse.

Sa floraison silencieuse et courageuse est un signe tangible d’espoir : les beaux jours finissent toujours par faire leur retour.

Et cette floraison ne reste jamais longtemps isolée.

Bientôt, dans les vergers voisins, les cerisiers, les abricotiers, les pruniers se prépareront à faire de même. Il y a quelque chose de profondément réjouissant dans cette synchronisation florale de ce début de printemps.

Relier les saisons

Alors, aujourd’hui, j’ai envie de leur rendre hommage dans une petite verrine toute simple, qui relie l’hiver au printemps.

Dans le fond, une compote pomme-poire. Réminiscence de l’automne dernier, anticipation du prochain. Par-dessus, une gelée pomme-cynorhodon, que j’ai infusée avec quelques fleurs de prunellier fraîchement récoltées.

Le cynorhodon fait partie des récoltes de fin d’hiver, bien travaillé par le froid
La fleur de prunellier, fragile mais tenace, vient, quant à elle, annoncer un renouveau.

La verrine devient alors plus qu’un dessert : c’est un entrecroisement de saisons. Une passation de lumière entre l’hiver et le printemps. Un petit rappel, une cuillère après l’autre, que tout s’achève et disparaît, puis tout renaît.

Recette de le gelée

Dans une casserole, placer:

• 2 dl d’eau

• 3 c.c. de sucre

• 1 poignée de cynorhodon

• 1 demie-pomme, avec les pépins et la peau

• 1 c.c. d’agar-agar

Porter le tout à ébullition, en remuant régulièrement.

Laisser mijoter environ 10 minutes.

Retirer du feu et filtrer cette préparation à l’aide d’une passoire très fine, en appuyant, pour extraire un maximum du liquide. Verser dans des petites verrines.

Ajouter une pincée de fleurs de prunellier. En infusant, elles donneront une délicieuse touche de miel et amandes amères. En prime, un magnifique effet décoratif.

Contempler les fleurs de prunellier

Et dans les temps incertains, comme ceux que nous traversons parfois – dans nos vies, dans le monde – il y a une forme de résistance douce dans le simple fait de contempler les fleurs.

De leur faire une place.

D’écouter ce qu’elles ont à nous dire, sans même un mot.

Elles ne demandent rien.

Elles s’ouvrent.

Elles offrent leur doux parfum de miel et d’amande amère.

Alors, aujourd’hui, ne cherche pas nécessairement à tout changer, n’essaie pas de tout comprendre. Pose simplement ton regard sur une branche en fleurs.

Cueille quelques fleurs que tu feras infuser.

Et goûte ce que la saison te murmure.