Le mot chutney vient de l’hindi chatni.
À l’origine, en Inde, le chatni n’était pas une préparation à conserver, mais un condiment frais, préparé au mortier avec les fruits, les herbes et les épices du moment.
Un geste simple, quotidien. La préparation d’un condiment qui permet de relier les saveurs et éviter le gaspillage. On utilise alors un reste de fruit mûr, une poignée de coriandre, un peu de piment, un trait d’acide et beaucoup d’épices. Une manière de convoquer la poésie en cuisine.
Quand les Britanniques l’ont importé au XIXᵉ siècle, le chatni est devenu chutney : cuit, sucré, mis en bocaux. Un produit de conservation, pensé pour durer, mais qui, au passage, a perdu une part de son souffle vivant et de sa poésie de l’instant.
Revenir à l’esprit d’origine du chatni
Aujourd’hui, je vous invite à revenir à son esprit d’origine : une cuisine de l’instant, pragmatique, sobre et inventive, qui transforme ce qu’on a sous la main au lieu de chercher l’ingrédient parfait.
Le chutney, devient alors ce qui fait lien entre les éléments du menu, tout en évitant le gaspillage.
Une cuillerée vient ainsi apporter du relief : sur des légumes rôtis, du fromage, une galette de lentilles ou un riz nature, il apporte à la fois profondeur et légereté.
Ni confiture, ni sauce, ni compote, il est un peu tout cela à la fois. L’artisan de la transition.
Chutney de poires au gingembre
Un exemple, tout simple :
- deux poires mûres,
- un oignon rouge,
- un morceau de gingembre frais,
- un trait de vinaigre de cidre,
- des épices à volonté,
- une pincée de sel.
Je commence par faire revenir doucement l’oignon et les épices.
Puis j’ajoute les poires et le gingembre râpé, un peu de vinaigre, et je laisse compoter dix à quinze minutes.
Pas besoin de sucre : la poire se suffit à elle-même.
Le chutney se garde quelques jours au frais, le temps d’accompagner les repas de la semaine.
Renouer avec une intelligence culinaire qui relie au vivant
Cette invitation à retrouver l’esprit du chatni, c’est une invitation à renouer avec une forme d’intelligence culinaire : celle qui transforme les restes, qui relie les saveurs, et qui garde vivante la part sensible du quotidien.
Une manière d’habiter sa cuisine comme on habite le monde : en prenant soin, en faisant avec, sans rien perdre de l’essentiel.
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